Dans le cadre du projet WACA ResIP, le gouvernement togolais et ses partenaires déploient un arsenal socio-économique inédit pour soutenir pêcheurs et maraîchers des Lacs 1 et 3.

C'est une réponse concrète à un défi existentiel. Alors que l'érosion côtière grignote inexorablement le littoral togolais, la lutte ne se joue plus uniquement à coup de digues et d'épis rocheux. Le vendredi 5 décembre 2025, à la mairie des Lacs 1, le Projet d'Investissement de Résilience des Zones Côtières en Afrique de l'Ouest (WACA ResIP) a opéré un tournant stratégique en remettant un lot d'équipements d'une valeur de 156 613 238 FCFA aux communautés locales. L'objectif est clair : transformer les victimes du changement climatique en acteurs économiques résilients.

Au-delà du béton : la dimension humaine

Longtemps focalisée sur les infrastructures de protection physique, la stratégie togolaise intègre désormais une « dimension humaine » indispensable. Comme l'a souligné le Maire de la commune des Lacs 1 lors de la cérémonie, ce projet vise au-delà de la lutte contre l'érosion : il s'agit de « soulager la pauvreté en dotant les travailleurs d'outils pour créer de la richesse ».

Cette approche holistique, saluée par les bénéficiaires, part d'un constat simple rappelé par une sagesse africaine citée lors de l'événement : « Ce n'est pas seulement le mur qui protège la maison, mais la vigilance de ceux qui l'habitent ». Pour que le littoral tienne, ses habitants doivent pouvoir y vivre dignement.

Un arsenal technique adapté à la crise

Le don, financé avec l’appui de la Banque mondiale, du Fonds pour l’environnement mondial et de l’Agence française de développement, cible précisément les principaux goulots d’étranglement de l’économie locale :

Rigueur et responsabilité : la fin de l'amateurisme

L'euphorie de la remise a rapidement laissé place à un discours de fermeté. Les autorités locales ont insisté sur la « bonne gouvernance » de ces biens publics. 

 

Le Maire a été intransigeant : interdiction formelle de faire traverser la frontière à ce matériel destiné aux compatriotes, et instauration d'évaluations trimestrielles pour contrôler l'usage des équipements. De plus, la pérennité des activités est conditionnée au respect de l'environnement, notamment la propreté des plages comme celle de Kpata, sous peine de retrait des licences.

Un chantier en continue

Cette remise d'équipements n'est qu'une étape d'un vaste sous-projet social. D'autres infrastructures sont déjà en cours de construction dans le secteur Gbodjomé-Sanvee Condji, incluant 8 blocs de latrines modernes et 33 fours améliorés type « Chorkor » pour le fumage du poisson.

En alignant ces actions sur la Feuille de Route Gouvernementale 2025, le Togo démontre qu'il ne subit plus la fatalité climatique. Il s'adapte, innove et protège ce qu'il a de plus précieux : son capital humain. Comme l'a résumé le Secrétaire Général du ministère en charge de la protection côtière : si cette « salade est mangée avec appétit », c'est-à-dire si le matériel est bien géré, les partenaires sont prêts à « ajouter la sauce » pour étendre le programme.

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la rédaction